Dessins:
Mon travail de dessin fait référence à la calligraphie, au baroque et essentiellement au mouvement.
Le dessin dont le médium est l’encre de chine et le pinceau sur papier japon, exécuté à main levée, sans autre support que la dextérité, me permet, avec une grande économie de moyen, d’exprimer, avec intensité, le mouvement, la liberté mais aussi la fragilité de toute vie qu’elle soit humaine ou végétale.
Série: Efflorescences végétales
Représenter des fleurs?
Une plante, on peut la penser immobile pendant le temps de notre observation, mais son développement organique la place dans le domaine du mouvant, du vivant.
Dans un chaos graphique de lignes noires, les enchevêtrements d’inflorescences s’entrelacent, se tordent, avides d’espace et de lumière, et se défont à la limite de la décomposition.
Dans une véritable architecture de la nature, proliférante et invasive, les végétaux sont une matière fluide en devenir, insaisissables par leurs métamorphoses successives.
Cette nature délicate croit, se renouvelle et se fane. Ce phénomène de la croissance des végétaux que j’aimerais saisir dans sa durée, nous livre cette discrète mais prégnante réalité que nous sommes éphémères, seulement de passage.
Une floraison d’encre, l’instant d’épanouissement fugace, entre éclat et fragilité, dynamisme et abandon, contient une tragédie.
Série: Corps en mouvement
Il me parait difficile, aujourd’hui de représenter l’homme seul…
Les corps que je dessine sortent de la pesanteur, en échappées libres, à la limite du vacillement, mais en interdépendance avec les autres individus et en lien avec la société.
Ils ont une forme d’immortalité mobile, corps tout puissants, en même temps corps fragiles.
Corps d’individus qui ne parviennent pas à s’accommoder de l’instabilité du monde.
Au delà d’une interrogation sur le sens de la vie et la tragédie funeste de l’homme voué au néant, au fil de mes encres, j’installe une réflexion sur le lien, sur la quête d’individualisme de l’homme et son besoin incessant de se regrouper, depuis toujours, autour de mythes, de croyances et de territoires, en perte de sens, et aujourd’hui par la création de nouvelles communautés intentionnelles dans les domaines écologiques, le développement durable ou les projets alternatifs.
Les compositions sont dépouillées du contexte et volontairement intemporelles, mais l’ambiguïté des titres amène une notion de phénomène géologique ou climatique.
Peintures :
Mes peintures trahissent ma fascination pour la scène, pour la mise en scène où les personnages incarnent des rôles et plus particulièrement pour la danse contemporaine où un vocabulaire se déploie celui de la conscience du corps et du mouvement dansé.
De mes chorégraphies de corps, surgit une impression de vivacité et d’effervescence.
Les corps se déchirent en même temps qu’ils s’entremêlent dans des flux d’énergie désordonnés.
La dynamique des compositions tournoyantes, ligne de force, fait référence au baroque.
Dans la représentation de ces corps figés dans l’élan, je cherche à saisir le mouvement du tumulte et de l’abandon de l’être humain face à ces doutes, à ces craintes.
Au delà d’une volonté de replacer l’humain au cœur de nos réflexions, j’interroge, non seulement la place de l’individu mais surtout les liens de dépendance, positifs comme négatifs, dans un monde plein de contradictions et d’incohérence.